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X   Signé Patrice Vatan
Claudine Brillowski
Trajectoires et lignes de vie   Trente secondes. Le cercle épais du volant.

Le premier décembre 1958 était un lundi.
C'était le soir de la Saint-Éloi.
Revenant de ses cours, Claudine Brillowski rentrait à la maison par le car. Descendue à l'arrêt du carrefour, elle avait traversé la chaussée et commencé de la remonter par la droite comme elle le faisait depuis toujours. Fille d'émigrés polonais, elle vivait avec ses parents dans une petite maison de briques appelée L'Emilienne et construite à l'extérieur d'un virage sur la route nationale 62 reliant Spa à Stavelot, en Belgique.
Accessoirement, cette route sert de circuit automobile et ce virage devient alors la courbe de Burnenville.

La nuit était tombée depuis longtemps. Des bancs de brouillard baignent en cette saison les coteaux des Hautes Fagnes ardennaises. Et de la brume, allez savoir, dans les réflexes de cet employé du garage Laloire de Malmédy qui rentrait à la maison au volant de son auto. Le choc catapulta Claudine à dix mètres dans le fossé. Il n'y avait pas de rails de sécurité à l'époque. Le lieu étant dépourvu d'éclairage public, il fallut un certain temps pour découvrir le corps sans vie de la jeune fille qui gisait à l'emplacement ou fut érigé la stèle commémorative dont nous montrons une photo.

La vie de la famille Brillowski s'arrêta net. La mère perdit la raison et le père, inconsolable, sombra dans la dépression. La chambre de Claudine fut fermée à jamais ; elle est encore dans l'état où la jeune fille l'avait quittée le matin de la Saint-Éloi 1958. La maison fut vendue au propriétaire du garage Renault de Francorchamps, Emile Jamar, qui en hommage à Claudine inscrivit L'Emilienne au fronton de son établissement. La stèle est toujours visible sur le bord du circuit. Elle nous hante depuis ce jour de 1973 où nous l'avons découverte par hasard alors qu'au ras du grillage, nous faisions le tour du grand circuit de Spa, nous gardant des Matra 670 et autres Ferrari 312P qui enfilaient Burnenville à 300 km/h, ressorts de gauche comprimés à fond.

Notre histoire est peut-être hors-sujet, Claudine n'avait après tout rien d'autre à voir avec la course automobile que l'endroit où elle vivait, mais elle en dit beaucoup sur la texture de ce sport, et au sens large, sur la vie elle-même, qui mêle en une destinée commune, puissants et misérables, anonymes ou autres, comme Richard Seaman, Chris Bristow, Alan Stacey, Stefan Bellof qui moururent sur le circuit, ou encore Archie Scott-Brown et Claudine Brillowski qui y disparurent en 1958.

Nous remercions Léonard Joenen, un ami belge, d'avoir mené les investigations qui nous permettent aujourd'hui de rendre cette croix plus transparente.

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